Des nouvelles...

Publié le par jefx

Des nouvelles…

 

...chaque année, l'industrie du ski "produit" sur les pistes, entre autres blessures, plus de 15000 ruptures de ligaments croisés au niveau du genou...15000 handicaps à vie... personne n'en parle.... maintenant vous savez...

 

06 janvier 2015... la FRENCH INDOOR ROWERS TEAM, ça continue...

 

13 avril 2014 (A+6)....respirez, soufflez, ramez, progressez... vous cherchez une solution pour vous rééduquer sur le long terme... ce 13 avril, j'établis dans la catégorie 50-59 ans PL, sur un ergomètre aviron CONCEPT2, le premier record de France sur 100 km en 8 heures 56 minutes 8 secondes et 9 dixièmes...

 26 février 2014 ...A+6,.... marche bâtons et aviron, je continue...

26 février 2013 

 

....A+5 (cinq années plus tard): l'articulation blessée reste toujours différente en termes de sensations pendant la marche. Des exercices, activités (port de charge, décélération) et/ou positions restent interdites ou déconseillées, la laxité est stabilisée et non-évolutive ; l'essentiel de la récupération musculaire est réalisée; si la récupération se poursuit encore aujourd'hui, je ne la perçois plus; le phénomène de "décharges" électriques à l'arrière-droit du genou gauche est susceptible d'apparaître après des épisodes de port de charges lourdes....je continue inlassablement l'entretien quasi-quotidien... 

....les meilleures nouvelles que je puisse vous donner sont ce lien vers l'aviron que j'ai ajouté sur ma page, aviron toute l'année, été comme hiver. Deux à trois entraînements par semaine, en bateau ou sur l'ergomètre aviron. J'alimente au fil des séances mon carnet d'entraînement sur le site CONCEPT....

  

.....Pour venir à l'entraînement, le vélo bien sur, dix km aller-retour à chaque séance....

 

 

....vous n'êtes pas rameur (pas encore) et pourtant ces pages vous sont un peu destinées, juste pour vous dire de ne pas vous arrêter, de ne pas vous faire opérer à la hâte si vous pouvez attendre, ....cela vaut la peine d'attendre, même si l'on ne retrouve pas tous ses moyens d'avant....avec de l'energie et quelques étirements (importants, les étirements)....

 

A bientôt, qui sait peut-être au bord de l'eau...!

 

 

27 janvier 2011

 

A Olivier,

 

 Bonsoir,

Avec un recul de près de trois années sur mon accident, voici ce que je peux te répondre, sachant que chaque cas reste unique et qu’il peut être délicat parfois de vouloir transposer une expérience… bref, il faut rester prudent et tenter de rester le plus objectif possible …

 

La notion de rupture quasi-totale : cette expression me rappelle la synthèse de mon premier IRM réalisé en pleine phase inflammatoire, le radiologue avait conclu ainsi « rupture partielle vraisemblablement complète ». Cette formulation, quel que soit le degré réel de rupture, traduit la gravité de l’atteinte du LCP ; l’entorse d’un ligament croisé « signe » une entorse  grave, grave dans l’atteinte physique, grave dans ses conséquences sur l’appareil locomoteur et ses répercussions sur l’équilibre. A ce stade, le critère simple et objectif pour apprécier le niveau d’atteinte est la laxité comparée (entre genou gauche et genou droit) observée et exprimée en millimètres. En pratique, assis sur une chaise (tibia à 90° par rapport au fémur), munis-toi d’une baguette rigide et d’un mètre, positionne la baguette verticalement devant et contre ton genou, le haut de la baguette appuie sur la rotule, le bas de la baguette sur le milieu du tibia. Pied fixe au sol, suivant que tu pousses sur ton pied ou tires sur celui-ci, tu vas voir le tibia bouger par rapport au fémur, mesure avec le mètre la différence entre les deux positions du tibia, tu auras ainsi une idée de la laxité visible à l’œil (qui devrait être assez proche de la laxité relevée sur les clichés du radiologue)… ainsi perso, je mesure un différentiel de 9 à 10 mm lorsque le quadriceps travaille.

Le corps médical parle de rupture ; dans la pratique, il existe deux types de rupture :

- la rupture physique avec interruption du LCP ; cette rupture s’accompagne semble-t-il lors de l’accident par un bruit de claquement, comme une corde d’arc qui se rompt ;perso je ne me rappelle pas avoir entendu ce bruit lors de l’accident ; dans le cas de la rupture physique, le genou a perdu l’un de ses ligaments croisés stabilisateurs du genou ; il est probablement instable dans cette situation ;

- la rupture « fonctionnelle » qui consiste dans la perte de certaines qualités essentielles du ligament (visco-élasticité) ; dans ce dernier cas de rupture, un second IRM réalisé après la phase inflammatoire permet de visualiser à nouveau le signal du LCP ; le ligament a cicatrisé, s’est peut-être allongé, a perdu une partie de son élasticité et de sa capacité à amortir les chocs ; la tension du ligament est de moindre qualité ; l’appui du fémur sur le plateau tibial, via le ménisque   est modifié ; cette situation transmet au cerveau une sensation d’appui différent,  appui sur le cartilage et tension sur le ligament rotulien  que l’on ne perçoit pas habituellement sur un genou sain ; perso sur une échelle de 0 à 20, je perçois un appui au niveau du genou blessé  entre 0,5 et 1,5 certains jours en cas de début d’inflammation, alors que je ne perçois pas cet appui sur l’autre genou (égal à 0) ; cet indice peut être beaucoup plus élevé en cas de forte inflammation, après par exemple le port d’une marchandise lourde ou une activité en pivot.

Dans le cas de la rupture fonctionnelle, le genou a perdu certaines de ses qualités, mais reste à priori « tenu » et stable, et devrait permettre la reprise de certaines activités après rééducation.

 

3 mois après la rupture : la rééducation du genou est loin d’être terminée ; perso l’attelle longue avait fait  « fondre » la jambe de façon impressionnante, je retrouvais à peine à cette époque l’amplitude de mouvement … et il me restait beaucoup de chemin à parcourir… j’ai conservé l’attelle longue pendant six semaines. Est venu ensuite le temps de récupération de la flexion qui a pris de mémoire plusieurs semaines,  …. Assis sur une table, j’installais chaque jour sur la cuisse un carton muni d’un rabat à 90 ° (utilise n’importe quel grand carton démonté), je fléchissais la jambe et à l’aide d’une règle je notais le niveau du tibia… objectif rejoindre la flexion maximale observée sur la jambe saine et également matérialisée sur le carton… Lorsque tu retrouves la flexion maximale, le travail n’est pas fini,… il faut continuer à réduire progressivement et raisonnablement les dernières « adhérences » qui se sont installées et ont envahi le genou, perso chaque jour j’essayais d’inventer un exercice différent pour stimuler autrement les muscles et les nerfs… la période est délicate car il y a des jours « avec » et des jours « sans », des jours positifs et des jours sombres ou le cartilage se rebelle  et où il est impossible de poursuivre une activité , à force d’exercice… un seul mot d’ordre, stopper toute tentative, dès lors qu’elle génère un début d’inflammation si faible soit-il…

 

Lorsque tu penses avoir éliminé toutes les adhérences, tu en découvres chaque jour de nouvelles … et tu continues patiemment, tandis que tranquillement le muscle tente de se réinstaller…

 

Je n’ai pas détaillé la chronologie dans la synthèse à 2 ans… car ce travail pour éliminer l’ensemble des adhérences a duré près de… 18 mois, …. peu à peu le quadriceps se redessine de façon imparfaite, puis le vaste interne suit  …

 

Ensuite, le challenge se poursuit, aujourd’hui encore je tente de combler le déséquilibre musculaire qui demeure  entre les deux jambes… j’essaie de nouvelles pistes, l’aviron en est une, … je demeure persuadé que je n’ai pas réveillé tout ce qui pouvait l’être, … l’esprit possède un véritable pouvoir sur le physique, je pense ne pas avoir retrouvé le niveau de proprioception antérieur, pousser sur la jambe ne suffit pas, je dois travailler la contraction du quadriceps avec ma tête, donner à chaque impulsion l’ordre au quadriceps de pousser, sur le genou, puis sur le pied … cette démarche je la connais, elle m’a déjà permis d’apprendre à remobiliser l’articulation après mon entorse.

 

 

Proposition de ne pas opérer : tous les échos vont dans ce sens, il n’y a pas d’urgence pour opérer en cas de rupture de LCP. L’opération est mise en œuvre en cas de laxité très importante ou très invalidante. Il convient dans tous les cas d’aller jusqu’au bout de la rééducation entreprise et de retrouver le maximum de masse musculaire avant d’opérer, ceci afin de reconstituer au mieux les éléments périphériques de stabilisation du genou. La reconstruction à un ou deux faisceaux ne permettra jamais de retrouver l’antérieur, ni de limiter le risque d’arthrose ou de prothèse du genou après 15 ou 20 années.

 

Rééducation : une phase importante de la rééducation consiste au travail en « ligne » et en chaîne « fermée » (pied en appui)

 

Peur de bouger : J’ai peu à peu repris une confiance relative dans mon genou, lorsque j’ai réalisé que la rupture était fonctionnelle et non physique (2ème IRM). Le ligament pivot est toujours là, mais de moindre qualité.

 

Pratique de l’aviron :

Les ampoules apparaissent essentiellement les premières séances, … peu à peu, au fil d’une pratique régulière,  la peau s’épaissit aux points de contact, …. La main s’adapte à l’aviron … surtout ne pas porter de gants qui modifient la perception de l’eau et de l’équilibre du bateau.

 

La place des ampoules sur la main témoigne de la qualité de la préhension. L’aviron doit être guidé, maîtrisé, … sans être cramponné,… et jamais tenu en pleine paume. Plus l’aviron est libre, et moins il génère d’ampoules. Ces dernières semaines, je fais une séance d’ergo de 10 km le soir en semaine et deux séances sur l’eau le week-end ( env 10-12 km par séance).

Il est important en aviron de progresser régulièrement dans l’acquisition et la maîtrise du geste, …. et d’être demandeur pour monter dans tous les bateaux, skiff, double, quatre, ou huit …. Pas de physique au début, uniquement de la concentration et de la technique, et dés que le plan d’eau le permet, sortie en solo (skiff canöe puis skiff), afin de corriger son propre geste…. Pour plus d’infos tu peux visiter sur overblog « avironpassion ».

L’aviron est aujourd’hui la seule discipline qui me libère pleinement de ma blessure … sans prise de risque.

 

Le ski : je te souhaite bonne chance, perso j’ai tourné la page… j’ai échappé une fois à l’opération, mon genou est à priori stable, même s’il a perdu suivant mon estimation près de 46% de sa capacité d’amorti, d’extension, de mobilisation musculaire .Test simple, effectue dix sauts à cloche-pied sur un pied puis renouvelle l’expérience sur l’autre pied, compare les distances parcourues, le test n’apparaît dans aucune littérature médicale, mais il est simple et édifiant… pour ma part le ski c’est fini, les quelques activités que j’ai réussi à retrouver sont trop précieuses pour que je risque de les perdre à nouveau… la prochaine fois sinon, j’ai droit à une greffe par prélèvement des ischios-jambiers , vis , perçages du genou,  …trois nouvelles années de galère pour installer la greffe, car c’est bien d’un véritable processus de greffe qu’il s’agit , avec toutes ses contingences et sans être  sur du résultat…et l’éventualité d’une prothèse du genou dans quelques années.

 

Genouillère et …droit de tomber :

 La genouillère articulée est difficile à supporter lorsque l’on commence à aller mieux …. On opte généralement pour une genouillère souple avec bandes croisées, plus adaptée à une laxité antérieure qu’à une laxité postérieure (trop rare pour que les fabricants s’y intéressent) . La genouillère présente l’avantage de chauffer l’articulation et le gros inconvénient de mettre le patient en confiance excessive face au risque… la genouillère protège donc en apparence, elle ne protège plus face à un risque aggravé … tout est donc affaire de dosage de l’intensité de l’activité mise en œuvre.

« L’ortho » en prescrivant la genouillère en connaît ses effets, et le risque qu’elle fait courir au patient pris dans sa passion… il complète la prescription en rappelant l’absolue nécessité de ne pas tomber à nouveau, il sait que le patient nanti de son accessoire va s’enhardir sur les pistes …  

Si le LCP est touché, ne transige pas, … arrête définitivement le ski et tout ce qui glisse de près ou de loin sur la glace ou la neige, ….. j’ai arrêté le ski, le judo (10 années de sport plaisir) à contrecœur …..tu ne dois pas tenter le sur-accident , tu n’as pas droit à un nouvel accident,… estropié tu connaîtras la vraie « galère » sans espoir de retour et il ne s’agira pas d’aviron.

Joue à fond, et dès maintenant  la carte de la rééducation si celle-ci est possible, en pratiquant des activités dites en « ligne », profite de cette « opportunité » pour changer de sport…rame ….rame autant que tu veux, apprend, progresse et demeure debout,  pour longtemps…

Tourner une page, pratiquer un nouveau sport, autrement,  …. Et puis écrire d’autres pages…

 

10 heures de rame : ….ou le pouvoir de l’esprit ….deux années auparavant je descendais les escaliers en m’accrochant au mur, …j’étais en perdition…

 

Trouver un nouveau chemin pour demain…

 

http://avironpassion.over-blog.fr/categorie-11677759.html

 

A très bientôt, sur le net ou … l’eau… souhaitant avoir répondu à tes questions, à ta disposition,

 

Bien cordialement et sportivement,

 

JF

 

  

Réponse 06/03/2011 :

Bonsoir Olivier,

 

Mesure de la laxité : Je mesure la laxité, assis, jambe pliée à 90°, le pied fermement posé sur le sol, je pousse comme pour faire reculer la chaise, puis je tire comme pour la faire avancer… le quadriceps se contracte au même instant… cela revient effectivement à faire avancer puis reculer le tibia.

L’écart de mesure est intéressant à considérer, de même que la mesure isolée. L’écart est d’autant plus significatif qu’il est calculé par rapport à un genou sain. Ma référence à gauche est une laxité quasi nulle ou égale au plus à 1 mm dans cette position. Si le genou qui sert de référence est lui-même déjà atteint d’une laxité accidentelle, la prise en compte de l’écart est moins significative. Il convient alors plutôt de se concentrer sur la mesure et la qualité de la laxité propre au genou récemment blessé, et de considérer la force nécessaire pour faire bouger le tibia. Normalement, une simple contraction du quadriceps ne devrait pas sauf sujet extrêmement laxe naturellement, entraîner un mouvement trop visuel du tibia.

 

Mesure avec ou sans travail du quadriceps :

Le médecin  recherche la mesure quasi maximale de la laxité ; il teste la laxité en poussant sur le tibia, avec ou sans machine, en te demandant de mettre le quadriceps au repos afin de ne pas perturber sa mesure (risque d’opposition).

Ma démarche  consiste en revanche à déterminer la mesure de la laxité (courante) qui résulte d’une simple contraction du muscle, sachant qu’une simple contraction ne devrait pas générer de mouvement du tibia. Cela me permet de m’approprier la mesure réalisée, et de compléter par moi-même l’apprentissage quotidien des bons et des mauvais gestes et/ou exercices pour le genou.

 

LCP rompu physiquement ou pas :

Le seul vrai juge en la matière est l’IRM, lorsqu’il est réalisé après la période inflammatoire (durant laquelle on ne voit qu’un brouillard).

 Soit le signal est clairement dessiné dans sa continuité – pas de rupture physique , risque de rupture fonctionnelle  - soit le signal est partiel, mauvais ou difficile à lire – la rupture physique au moins partielle est possible – soit l’opérateur identifie nettement les sections de ligament désassemblées – la rupture physique est confirmée…. Ceci dit ne t’arrête pas à cette présentation simplifiée, je ne suis pas médecin… et parfois l’IRM ne dit pas tout.

 

Il est intéressant parfois de retrouver dans sa mémoire le moment de l’accident et les sensations qui l’accompagnent…  personnellement tout est gravé, façon indélébile… une mine d’informations pour après. .. l’écriture sur ce point m’a aidé à collecter des informations précieuses.

 

I.R.M :

Mon premier IRM a été réalisé au cours du premier mois, le traumatisme n’était pas encore éliminé par l’organisme, l’image était brouillée, imprécise, au cœur même du processus inflammatoire ; je qualifie  le diagnostic qui en a découlé  de diagnostic « parapluie », « rupture partielle vraisemblablement complète »… ou  l’art de conclure sans conclure, sans risque de se tromper,  et surtout sans avoir  vu quoi que ce soit… bref inutile….

 

Ton IRM a été réalisé au bout d’un mois et demi, donc probablement encore pendant la période inflammatoire, et… tu penses qu’il s’agit d’une rupture fonctionnelle, donc personne n’ a émis un réel diagnostic. Un second IRM pourrait être intéressant pour confirmer la cicatrisation, et donc la réalité d’un ligament certes peut-être diminué mais encore présent….

Reste-t-il encore un lien réel, une limite au mouvement du genou ? Cette information me paraît essentielle pour vivre pleinement sa rééducation, même si les médecins ont tendance à dire que cela n’est pas utile,….. ce n’est pas leur genou.

Il est vrai que l’essentiel  est la stabilité ou l’instabilité de l’articulation…réaliser que le ligament n’est pas rompu physiquement , lorsque  le genou est instable, ne sert pas à grand-chose…en revanche réaliser que le ligament n’est pas rompu physiquement, lorsque le genou a conservé une relative stabilité ouvre de réelles perspectives en termes de devenir de l’articulation (réflexion sur une éventuelle opération, choix des activités physiques, acceptation des modifications de choix de vie).

 

Relative stabilité :

Mon genou est demeuré stable dans un contexte d’activité prudente et en ligne ; il  a perdu assurément une partie de son potentiel.

La seule  sensation « d’instabilité » actuelle est extrêmement rare et fugace… juste pour se rappeler à moi…pour dire que ce n’est plus comme avant, fini les traumatismes à répétition type chute de judo, parfois donc,  debout au repos (jamais pendant un effort), le genou se relâche subrepticement dans l’axe avant-arrière, comme si une micro-coupure électrique intervenait et débloquait une fraction de seconde  la structure naturelle réflexe  de maintien du genou….

 

Maîtrise du geste :

Tu évoques le geste qui a conduit à la blessure, laquelle découle d’un défaut de maîtrise du geste (un peu juste pour un « Senseï » qui se doit en théorie d’enseigner la maîtrise)….

La diminution du niveau de maîtrise de certains gestes m’a conduit à arrêter le ski et le judo. Je suis capable de faire face à un certain nombre de situations, mais pas des principales et plus courantes situations rencontrées dans ces deux disciplines…. Donc comme tu le dis très bien, sauf à adopter le gestuel d’un vénérable grand-père qui ne serait pas certain de pouvoir faire chuter son partenaire en sécurité, je ne vois plus trop ce que je pourrai faire sur un tatami, une piste de ski ou un simple « tire-fesses »….

 

Sensations :

 Notre système de proprioception transmet naturellement au cerveau les informations relatives à notre environnement externe et à notre fonctionnement interne.

Le premier niveau de l’information est la sensation ou la perception, il se passe quelque chose…à priori rien de grave… le second niveau est la douleur … la douleur est utile, elle nous permet de trouver la réponse au dysfonctionnement et de mettre en œuvre la protection nécessaire….d’autres niveaux d’information et/ou de réaction de l’organisme tels que  la syncope ou le coma peuvent survenir ….lorsque certaines fonctions ne peuvent plus être assurées. 

Mais revenons à notre affaire de sensation. Nous percevons parfois en interne ce qui se modifie, nous ne percevons pas  à priori ce qui est normal et n’appelle pas d’action de notre part.

Partant de ce postulat, j’observe une modification de la perception de mon genou blessé et réfléchis à l’interprétation à donner de cette modification :

- l’appui de l’articulation est modifié, les « mécano-récepteurs » en place transmettent l’information relative au  déplacement enregistré, je perçois l’appui du fémur sur le plateau tibial via le ménisque ;  le cerveau tente de corriger l’appui ; le ligament qui a perdu une partie de sa fonctionnalité ne parvient pas, aidé des systèmes périphériques de maintien  à replacer l’articulation ;

- le tibia recule par rapport au fémur, le cartilage est sollicité sur des zones peut-être non programmées naturellement à recevoir les appuis exercés. Question : possédons-nous naturellement des zones d’appui de secours ? ou exprimé autrement, notre organisme est-il capable d’absorber et supporter dans le temps une modification de l’utilisation du cartilage ? Le cartilage,  tissu vivant se régénère-t-il aussi bien sur les nouvelles zones d’appui ?

Si oui, une activité raisonnable peut être supportée dans le temps. Si non, il convient d’utiliser le genou en mode « économie ». La réponse se situe probablement entre les deux positions… donc  je suis tenté aujourd’hui de me fier aux messages transmis  par les organes de perception …. Absence d’inflammation et/ou de douleur, signifie que l’activité peut-être poursuivie. Douleur et/ou inflammation,  le cartilage travaille anormalement et ne parvient pas à se régénérer suffisamment rapidement…. L’activité de rééducation doit être allégée ou interrompue aujourd’hui, et poursuivie inlassablement demain et après-demain…. Mais jamais dans l’excès…. Difficile parfois de faire raisonnable…

- la dernière considération vise la modification associée de l’appareil locomoteur… je prends conscience au fil des mois de la complémentarité technique du trio pied-genou-hanche….et des incidences du désordre sur l’ensemble de la posture…. le genou se plaint….l’autre jambe compense… le pied appelle la semelle,….. tandis que la hanche privée d’amortisseur encaisse les chocs….et requiert  la même attention…

Quant aux grands sportifs…. Ils se rééduquent comme tout le monde…. Et reviennent sur la scène sportive…. très intelligemment… en tant que consultants de haut niveau …. Je te salue bien, Bixente !! …. Ceux qui persistent de façon inconsidérée sur le terrain…. retourne rapidement  dans les coulisses de la gloire …

 

Les machines :

Je pense qu’il convient de rester très prudent face aux machines. La complexité d’une machine n’est pas toujours un gage de qualité et d’adaptation à chaque patient. Chercher à progresser est essentiel, mais sans chercher la douleur et l’inflammation…..

 Il peut être intéressant de s’aider de machines que l’on maîtrise, dans le respect de la mise en œuvre d’un geste naturel raisonnable non excessif, …ce qui n’exclut pas la démarche sportive.  L’aviron, le vélo et la marche nordique constituent à cet égard d’excellent supports de travail…pour entretenir le cardio et l’articulation,…  mais c’est vrai, l’excès est toujours possible…. face au chrono.

 

Visualiser sa progression :

Le fait de mettre en place un outil qui permet de visualiser sa progression constitue une aide précieuse….à recommander, … afin d’entretenir et stimuler l’énergie.

 

La visco-élasticité du ligament :

Ce terme quelque peu barbare combine deux notions. Le ligament est doté d’une élasticité « progressive » ou « freinée », une sorte d’amortisseur qui lui permet notamment en cas de choc violent de varier plus ou moins l’élasticité en fonction des informations reçues. L’intérêt du système est de protéger dans le cadre d’une utilisation courante, voire quelque peu excessive, le ligament de la rupture physique.

En cas de rupture dite fonctionnelle,  le potentiel « visco-élastique » du ligament  est entamé, le genou est encore à peu près tenu, à peu près stable. Le ligament s’est un peu allongé lors de la phase de cicatrisation et le dispositif  amortisseur s’est amoindri. L’amortisseur a perdu de sa tonicité. Donc en cas de choc violent, ou de mouvement pivot excessif, le genou ne dispose plus de sa pleine capacité, d’une part à informer le cerveau, ni à réagir en urgence pour faire face au tramatisme. Tu penses que tu connais ta limite, le problème est que ton ligament ne la connais plus, cette fameuse limite. Au petit bonheur la chance !!!

Mon propos vulgarise sans doute certains écrits médicaux, mais je pense leur reste fidèle.

L’ouvrage de Messieurs LANDREAU, CHRISTEL et DJAN, « Pathologie ligamentaire du genou »  décrit de façon très complète ces mécanismes…. Il constitue un excellent outil de déprogrammation des sports dits à risques…. A moins bien sûr que tu aies un petit faible naturel, pour les vis, les broches, les greffes, les agrafes, les mèches, les protocoles, les poulies, les poids, les salles d’op, les anesthésies, les attelles, les scratchs, les bidules à un faisceau, à deux faisceaux, les perceuses, le ressaut, le varum recurvatum,… les lésions associés, le LLI, LLE, LCA, LCL, LCP, et toute la famille des ligaments qui attendent patiemment et docilement qu’on les endorme, qu’on les prélève, qu’on les dégraisse, les étire, les allonge, les torsade, les entrecroise, les entortille, les découpe, les ligature ….. en clair et pour faire simple, j’ai échappé de justesse à l’opération. … par contre si j’y retourne, je risque la grosse séance de bricolage avec matériel dernier cri. Un chirurgien parisien est déjà prêt à me remplacer le LCP par les ischios…. Après quoi je n’aurai pas le droit d’en faire plus, plutôt moins …..après deux ou trois années de convalescence ….

Ah….. qu’il fait bon d’aller ramer le dimanche matin, sur l’onde tranquille….

 

 

Je prends le risque de te décourager ….. à me répondre, en te parlant de tout cela, car depuis près de trois années je revis régulièrement ma chute, …..à l’arrivée, c’est toujours la même chose, je suis cassé… mais heureux d’avoir redémarré ….autrement.

 

A part ça, ton rendez-vous avec l’ortho s’est bien passé…

 

 

 Message origine :

 

Bonjour,

 

Merci ! Tous mes voeux les plus sportifs pour toi également !!!

 

D'abord un point sur là où j'en suis: + ou - même diagnostique que toi "rupture quasi-totale du LCP" il y a maintenant presque 3 mois. Ortho vu mi-décembre & me proposant de ne pas effectuer d'opération.

 

Aujourd'hui je n'ai déjà plus "mal" mais une gène parfois importante & des sensations étranges. J'ai surtout beaucoup moins peur de "bouger".

 

Etant également sportif & pratiquant de l'aviron ton blog m'a de suite rassuré & l'ortho aussi en me disant que ce serait bon pour les "quadris". Je n'ai hélas pas beaucoup de temps libre & doit me limiter à 1 séance par semaine. Chaque semaine quelques kms de plus: 5, 6, 7...et 12 le WE dernier. Les ampoules reviennent :-) Tu t'entraines tous les combiens ? Combien de kms à chaque sortie ?

 

Autre essai sportif: le ski ! J'en pratique depuis l'âge de 7-8 ans...et me suis mis au monoski depuis plus de 20 ans. L'ortho m'a fait acheter une genouillère adhoc & m'a dit d'y aller en douceur et sans avoir le droit de tomber ! Ma plus forte peur a été de ne pas pouvoir enlever ma chaussure (ça te fait également mal de retirer tes chaussures / chaussettes ?). Puis je me suis lancé dans la pente (douce ! que du vert & bleu et pas plus que 2h / jour). Flippant ! L'impression d'être un débutant...(c'était tout juste 2 mois après l'accident à Noël). Objectif atteint: j'ai pu skier 3 fois, je sentais que ça tirait trop de partout mais j'ai validé que c'était faisable si je me mettais à skier "comme un grand-père". Pas top mais un début. Je ressaie en Février...tout doux...

 

Je ne peux toujours pas plier le genoux complètement & encore moins m'agenouiller côté LCP. Combien de temps avant de pouvoir faire ce geste "simple" ? 6 mois ? 12 ? J'ai aussi vu que tu disais que ton ligament s'était "refait". Je croyais que ça ne se réparait pas ? Tu peux m'en dire plus là dessus ?

 

Au passage : 10 heures de rame !!! BRAVO ! T'es fou ?!? Impossible d'envisager ça, je pense que mon genou exploserait ! C'est un véritable exploit (même pour des gens 100% valides). Ca donne des ailes ;-) Merci.

 

A+

Olivier

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